Vertigo – 6 – Jours 7 et 8

Samedi 23 mai 8:53. Ici tout est calme, l'endroit généralement m'appartient, je suis presque seule à travailler dans ce poulailler reconverti en atelier. Il y a Danny et ses enfants qui ont construit et entretiennent le village et Orit la cuisinière qui préparait à manger pour les personnes venues passer les fêtes de Chavouot (Commémoration du don de la torah a Moïse). Je dis donc que tout est calme car il n'y a pas plus de bruit que d'habitude en ces lieux, alors que des tentes sont dressées un peu partout et que les enfants sont nombreux.

Image du 23 mai

Tout est calme sauf peut être en moi et sur la route où les motards profitent de Shabbat pour faire vrombir leurs motos. Je suis venue dans un monde utopique où l'amour et les enfants règnent. Hier Adi m'a emmenée avec lui dans son parcours de père, à la fête de l'école des enfants, et d'habitant de cette belle Vallée, chez Dana qui vend son délicieux pain dans une petite roulotte installée dans son jardin. L'école, ils, les artistes, écrivains, nouveaux agriculteurs, l'ont créée pour donner une education à leurs enfants qui leur ressemble, ouverte et créative. Dana, elle, concentre dans son jardin ce qu'elle souhaite pour le monde. Les arbres ont des jaquettes crochetées de toutes les couleurs, les meilleurs musiciens viennent ici improviser ensemble, celui qui arrive tape sur la table et s'invente percussionniste. Les enfants reviennent de la fete avec des couronnes de fleurs dans les cheveux. Meme le chien semble sorti tout droit de notre imagination avec son oeil cerclé de noir. L'endroit est enthousiasmant, on voudrait s'y inscrire. Dana, dit j'imagine que derriere la roulotte il y a la mer pour ne plus voir les horribles bâtiments. Et c'est vrai que ca sent l'iode.

Dimanche 24 mai, Nid Deutéronome 22:6-7

Si tu rencontres en ton chemin un nid d'oiseaux sur quelque arbre ou à terre, de jeunes oiseaux ou des œufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée: tu es tenu de laisser envoler la mère, sauf à t'emparer des petits; de la sorte, tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours.

Un potentiel de nid, chaque brindille encore attachée à la branche est née de fil blanc. Il suffira à l'oiseau de les attacher ensemble pour en faire son abris. Blanc est celui sous lequel nous ne nous mettrons pas. Un nid en devenir, comme une histoire deja écrite, si en chemin tu rencontres un nid...il aura fallu pour cela se mettre en chemin. Il aura fallu un oiseau. Il aura fallu le néant qui le precede, l'envie ou la nécessitée de procréer, il aura fallu le destin. Que l'avidité mène les pas, qu'une sorte de légèreté, un badinage presque pour finir par un carnage. Une mère qui n'aura jamais été l'oeuf ou l'oisillon sur le chemin de celui qui la croise maintenant ou hier. Peut être que ce sera son troisième nid détruit et qu'aucune descendance ne lui restera pour que les jours soient rallongés au passant indifférent. Etre mere et avoir la vie sauve pour procréer encore et encore, être passant, promeneur et se prendre pour Dieu. Etre mere, en avoir une, est ce un concept ou une réalité ? Leurs présences, leurs absences ne nous créent elles pas comme celles de Dieu ?

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Publié le 26/05/2015