En Paix – Caïn et Abel
Le 9 octobre 2023 J’installais « En paix – Caïn et Abel » pour la galerie Analix Forever à Genève, travail qui avait été proposé et pensé depuis le mois de juillet. Preuve s’il en est de l’importance de l’art dans la perception et la réparation du monde.
Je l’avais imaginé cette installation comme préalable à la Paix. Au-delà de nos appréhensions de ce qui nous est extérieur, il y a la peur de ce que nous sommes. Nous blâmons, haïssons et combattons hors de nous des inconnues qui sont les reflets de nous même. L’autre, miroir, responsable de nos malheurs et des guerres que nous nous livrons.
C’est ainsi que j’ai pensé à Caïn et Abel, partageant le même sang, la même chaire. Ils sont deux faces d’un même corps, comme leurs parents avant eux. Et Dieu qui aussitôt qu’il les créé, à son image, en tue un, et demande raison à l’Autre. Caïn est banni, marqué d’un sceau qui signale son infamie et le protège à la fois. Après eux le déluge, mais Caïn et Abel, restent en nous
«…Je fais deux constats. L’un, que la notion de paix est un concept humain, élaboré, fantasmagorique dont je ne connais pas de définition positive.
C’est une absence d’état de guerre, de conflit, une prise de conscience d’un état perdu, c’est un moment suspendu. Barbara parle à la suite de Levinas, de l’intranquillité, parce que la paix serait tenir compte de l’autre.
Même seul, abstrait du monde, l’Homme se fabrique des terreurs, des attentes, des souvenirs, des regrets et donc la rupture avec lui-même.
Au-delà de nos peurs de ce qui nous est extérieur, il y a celle de ce que nous sommes. Ce sont ces dimensions inconnues ou niées que nous reconnaissons hors de nous, combattons et haïssons et blâmons. L’autre-miroir-responsable de nos malheurs et des guerres que nous nous livrons.
C’est ainsi que j’ai pensé à Cain et Abel, partageant le même sang, la même chaire. Ils sont deux faces d’un même corps, comme leurs parents avant eux. Aussitôt l’un tue l’Autre. Caïn est banni, marqué d’un sceau qui signale son infamie et le protège à la fois.
En hébreux, le mot le plus proche de paix au sens français ou anglais est Shalowm םַלָׁש, il signifie aussi être complet et compléter. La paix c’est rendre à l’autre et se rendre à soi-même.
Nous sommes Cain marqué et Abel mort. Et c’est là mon deuxième constat, il n’y a pas de paix hors de soi.
Et c’est cette proposition que je fais ici dans un demi mètre carré, le volume d’un thorax, nos tripes à l’air, nos pensées exposées, et au fond, une gaze incongrue. Et une seule goutte de sang qui souille le bon ordonnancement divin.
Juste une goutte du sang d’Abel…»
Le 9 octobre 2023 J’installais « En paix – Caïn et Abel » pour la galerie Analix Forever à Genève, travail qui avait été proposé et pensé depuis le mois de juillet. Preuve s’il en est de l’importance de l’art dans la perception et la réparation du monde.
Je l’avais imaginé cette installation comme préalable à la Paix. Au-delà de nos appréhensions de ce qui nous est extérieur, il y a la peur de ce que nous sommes. Nous blâmons, haïssons et combattons hors de nous des inconnues qui sont les reflets de nous même. L’autre, miroir, responsable de nos malheurs et des guerres que nous nous livrons.
C’est ainsi que j’ai pensé à Caïn et Abel, partageant le même sang, la même chaire. Ils sont deux faces d’un même corps, comme leurs parents avant eux. Et Dieu qui aussitôt qu’il les créé, à son image, en tue un, et demande raison à l’Autre. Caïn est banni, marqué d’un sceau qui signale son infamie et le protège à la fois. Après eux le déluge, mais Caïn et Abel, restent en nous
«…Je fais deux constats. L’un, que la notion de paix est un concept humain, élaboré, fantasmagorique dont je ne connais pas de définition positive.
C’est une absence d’état de guerre, de conflit, une prise de conscience d’un état perdu, c’est un moment suspendu. Barbara parle à la suite de Levinas, de l’intranquillité, parce que la paix serait tenir compte de l’autre.
Même seul, abstrait du monde, l’Homme se fabrique des terreurs, des attentes, des souvenirs, des regrets et donc la rupture avec lui-même.
Au-delà de nos peurs de ce qui nous est extérieur, il y a celle de ce que nous sommes. Ce sont ces dimensions inconnues ou niées que nous reconnaissons hors de nous, combattons et haïssons et blâmons. L’autre-miroir-responsable de nos malheurs et des guerres que nous nous livrons.
C’est ainsi que j’ai pensé à Cain et Abel, partageant le même sang, la même chaire. Ils sont deux faces d’un même corps, comme leurs parents avant eux. Aussitôt l’un tue l’Autre. Caïn est banni, marqué d’un sceau qui signale son infamie et le protège à la fois.
En hébreux, le mot le plus proche de paix au sens français ou anglais est Shalowm םַלָׁש, il signifie aussi être complet et compléter. La paix c’est rendre à l’autre et se rendre à soi-même.
Nous sommes Cain marqué et Abel mort. Et c’est là mon deuxième constat, il n’y a pas de paix hors de soi.
Et c’est cette proposition que je fais ici dans un demi mètre carré, le volume d’un thorax, nos tripes à l’air, nos pensées exposées, et au fond, une gaze incongrue. Et une seule goutte de sang qui souille le bon ordonnancement divin.
Juste une goutte du sang d’Abel…»